Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Publié par Marc M

L'abbaye de Chéhéry est une abbaye située à Chatel-Chéhéry,  entièrement reconstruite au milieu du xviiie siècle. À ce titre, ce qui subsiste encore de cette reconstruction est un témoignage du renouveau de l'architecture monastique cistercienne. Après la Révolution, cette abbaye est vendue comme bien national. Certains bâtiments, édifiés depuis quelques décennies à peine, sont détruits et la partie conservée devient une résidence.

L'activité métallurgique créée sur place par les moines dès la fin du xive siècle se maintient jusqu'au milieu du xixe siècle.
lL ne subsiste aujourd'hui du monastère qu'une partie de l'ancien cloître, construit au xviiie siècle et transformé au xixe siècle en résidence, et des communs.

Deux bâtiments en longueur, avec un « toit à la Mansart » encadre la cour lorsque arrive de la route. Ce sont d'anciens communs dont les façades et toitures sont parties intégrantes des édifices classés
En 1147, Samson de Mauvoisin, archevêque de Reims, donne la terre de Chéhéry à Bernard de Clairvaux qui confie à l'abbé Gontier de l'abbaye de Lachalade la tâche de construire l'abbaye avec l'apport financier de seigneurs locaux, dont le seigneur de Cornay. Rapidement une délégation de 13 membres s'y installe. Un des premiers moines, nommé Roland, sera béatifié. Le détail des prodiges qu'il aurait opérés n'est pas connu mais la dévotion envers ce bienheureux s'est accrue après sa mort et a attiré les pèlerins vers son tombeau. Cette affluence a conduit à insérer son nom dans le catalogue des saints de l'ordre de Citeaux. Gabriel Bucelin, en son martyrologe bénédictin, lui accorde le titre de saint. D'autres auteurs, quelques siècles plus tard en ont fait un abbé et non un simple moine.
La guerre de Cent Ans n'épargne pas le territoire. D'autres conflits lui succèdent les siècles suivants, guerres internes (guerres de religion, Fronde...) et guerres aux frontières (guerre de Trente Ans, guerre de Hollande, guerre de la Ligue d'Augsbourg...) entrecoupées de fausses paix. Le passage de troupes armées, même si ces troupes combattent pour le roi de France, et les infiltrations ennemies favorisées par la configuration des Ardennes, nuisent à la prospérité de l'abbaye, et mettent à mal les constructions. Ce n'est qu'au xviiie siècle qu'elle peut bénéficier pleinement des fermages qu'elle perçoit et des revenus des forges.

En 1750, l'évêque de Clermont, François-Marie Le Maistre de La Garlaye, abbé commendataire, charge l'architecte Nicolas Joseph de la reconstruction de l'abbaye.
Après la Révolution de 1789, l’abbaye de Chéhéry est mise en vente. Elle est adjugée pour 611 100 livres au vicomte François Gérard de Melcy, ancien procureur au Parlement de Paris, qui acquiert pour ce montant les bâtiments du couvent, les forges, et une dizaine de fermes appartenant à cette abbaye, plus quelques autres terrains. Ce même François Gérard de Melcy détruit deux côtés du quadrilatère monastique, correspondant à l'église et aux cellules des moines, pour séculariser le bâtiment, lui faire perdre son caractère religieux et le transformer en une grande demeure bourgeoise, un château au caractère résidentiel. Il poursuit également l'exploitation des forges.
Un de ses deux fils, Achille Auguste César de Melcy, se rend en Angleterre pour y étudier les évolutions des techniques de la métallurgie, rêvant de concurrencer Jean-Nicolas Gendarme, autre maître de forges ardennais, dont la réussite éblouit la bonne société du département. À Londres, il rencontre une jeune cantatrice italienne de 25 ans qui accumule les succès, Giulia Grisi.

Ils se marient en 1836. Il fait aménagé pour elle le fameux salon de Grisi, au sein de cette demeure de Chéhéry. La légende affirme que Giulia ne reste qu'une nuit dans ce « château » de Chéhéry dont son mari lui a pourtant loué les charmes, regagnant dès le lendemain Paris. Leur couple ne dure que deux ans et se termine par un procès. Le jugement entérine la séparation de corps, condamne Giulia Grisi, célèbre dans toute l'Europe, à verser une rente annuelle à Achille Auguste César et empêche la cantatrice, de fait, de se remarier avec un autre chanteur lyrique tout aussi célèbre, Mario De Candia.
Achille Auguste César de Melcy revient également d'Angleterre convaincu par la technique du puddlage pour fabriquer du fer de haute qualité, et commande trois fours à puddler pour les forges de Chéhéry. Pour autant, la généralisation du coke en lieu et place du charbon de bois, vers 1850, retire beaucoup d'intérêt au site : y faire venir ce combustible coûte cher. En 1855, le vicomte s'associe à un banquier de Vouziers mais la société fait faillite. Incapable de rembourser les sommes dues, Achille Auguste César de Melcy se réfugie en Allemagne et ne revient en France qu'en 1868. Son frère Adolphe rachète les biens familiaux dont l'abbaye et les forges, finançant en partie le rachat en revendant les fermes, et lui offre l'hospitalité dans cette abbaye de Chéhéry. Adolphe meurt en 1884, et Achille Auguste César quitte l'abbaye pour s'établir à Cornay. Pour autant, il tente d'extirper dans les mois qui suivent une somme d'argent de la veuve de son frère, en argumentant sur une soi-disant reconnaissance de dette. Il est arrêté pour faux et usage de faux et condamné par la Cour d'assises de Mézières le 9 mai 1887. Quelques années plus tard, la propriété de Chéhéry revient au fils d'Adolphe, Édouard Gérard de Melcy, un militaire.

En 1912, ses descendants vendent à la famille Longuet-La Marche qui en conserve l'usage une bonne partie du xxe siècle12.

L'édifice est inscrit au titre des monuments historiques en 1990
 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article